Le Centre d'Interprétation de l'architecture et du patrimoine à St Laurent du Maroni
© Véronique descatoire
L’architecte Florence Le Gall réalise l'aménagement d'une partie Camp de la Transportation et la scénographie du C.I.A.P
Saint-Laurent du Maroni fait partie du réseau des Villes et Pays d’Art et d’Histoire depuis 2007. Elle est la première ville d’Outre-Mer à s’équiper d’un Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine. Le C.I.AP est un lieu de rencontre autour du thème de la ville, du territoire et du patrimoine guyanais. Conformément à l’histoire de St Laurent et à celle de l’ancien Camp de la Transportation dans lequel l’ouvrage est situé, il a vocation à concilier la mémoire douloureuse du bagne et l’actualité culturelle d’une ville dynamique tournée vers l’avenir.
Inauguré en 1858, le Camp de la Transportation est constitué d’une douzaine de «cases» autour de cours intérieures, d’un hôpital, de cuisines, de bâtiments du personnel, de lavoirs et d’une bibliothèque. A partir de 1880 la ville de St Laurent s’érige petit à petit, conçue comme une commune pénitentiaire. Si le bagne ferme définitivement en 1946, la ville continue son développement à partir du fleuve Maroni et de l’extraordinaire diversité culturelle de sa population.
Florence Le Gall a réalisé une mission tout à la fois architecturale et scénographique suite à l’appel d’offre remporté par L’ATELIER en 2011. Sur plus de 1000 m2 comprenant le bâtiment d’entrée droite, l’anthropométrie, la cuisine, la chapelle et les cases 11 et 12, l’enjeu était la création d’un véritable lieu d’échange et de transmission de savoirs tout en privilégiant l’histoire des bâtiments c’est à dire le souci permanent de figer l’existant, de préserver la mémoire. Les cases 1, 2 et 3 intégreront à court terme le projet formant un ensemble accessible, confortable et cohérent sur les plans patrimoniaux et culturels.
Une approche contemporaine au service d’un bâtiment historique
La réalisation de ce projet a nécessité de répondre à de fortes contraintes liées à la spécificité et à la valeur historique des bâtiments. Par le choix des matériaux, principalement le corten et le bois utilisés aussi bien pour le mobilier que pour le cloisonnement, Florence Le Gall a souhaité l’intégration de son travail tout en faisant référence à la Guyane et au milieu carcéral. L’ensemble des peintures murales du bagne est resté fixé en l’état. Si les éléments remarquables du site sont identifiés par des cartels, la découpe du lettrage permet toujours d’identifier le support et le marquage au sol est fréquemment utilisé. Enfin l’utilisation de structures indépendantes a permis la création de différents volumes au sein d’espaces déjà existants répondant à la volonté de s’inscrire à l’intérieur des bâtiments tout en s’en détachant.
L’écriture scénographique , contemporaine et épurée, marque la volonté de faire participer le visiteur à l’histoire proprement dite du bagnard. Ainsi la salle anthropométrique, volontairement oppressante doit plonger le visiteur au coeur du voyage et donne le sentiment d’être épié à travers les fenêtres créées dans la cimaise. La cuisine par ses visuels suspendus relate la vie quotidienne et la chapelle est consacrée au drame des libérés et à la fin du bagne.
Une scénographie évolutive au gré des projets architecturaux de St Laurent Du Maroni
Le caractère réversible de la scénographie est l’axe privilégié de Florence Le Gall pour répondre non seulement à la spécificité du site mais aussi aux exigences d’une ville en constante mutation architecturale. Ainsi, l’exposition permanente au rez de chaussée de la case 12 s’organise essentiellement à partir d’outils multimédias et de maquettes pour une présentation claire de l’ensemble des quartiers historiques et contemporains du territoire.
L’exposition temporaire, à l’étage, est dans le même esprit assorti d’un coût financier amoindri, pensée de façon modulable grâce à l’utilisation d’un mobilier rappelant le travail quotidien de l’architecte et par un grill technique qui favorisera aisément la transformation du lieu.
La case 11 est dédiée à la vie des migrants. Une déambulation dans un étroit couloir symbolisant la rue permet de pénétrer dans d’anciennes cellules transformées en petits salons. Sur chaque pas de porte un nom de famille, une intimité, une histoire différente. Chaque habitant de St Laurent est ainsi invité à redécouvrir l’héritage d’un passé qui est peut être le sien ou celui de son voisin. Une façon de se réapproprier le lieu et d’y laisser une trace photographique instantanément projetée sur le mur.
A propos de Florence Le Gall
Florence Le Gall travaille en Martinique depuis 2008. Diplômée en 2000 de l’école d’architecture Paris La Seine (UP9), elle a exercé à l’Atelier de l’Île,Paris jusqu’en juillet 2008 sur des projets d’architecture relatifs à des équipements culturels (Cinémathèque Française, Musée d’Orsay) et, en tant que scénographe, sur diverses expositions au Musée Guimet, à la Bibliothèque Nationale de France, au Musée d’Orsay ou encore au Musée des Arts et Métiers.
En 2011, après une première expérience en Martinique au sein du cabinet Lorenzo Architecture, elle crée L’ATELIER afin de répondre depuis la Martinique aux besoins particuliers des équipements culturels, en particulier des musées.
A propos de L’ATELIER
L’ ATELIER inaugure en 2010 l’exposition « Flore - raisons nouvelles », puis « Out & Bad vs Cheap & Clean » au CMAC (2012), « Denise Colomb » à la DAC Martinique (2013), l’espace muséal Aimé Césaire à Fort de France (2013), l’exposition «Mémoires, Photographies, Monuments» à la DAC Martinique (2014).
L’ATELIER a développé ses activités en France et dans d’autres territoires de la zone Antilles Guyane, en particulier la Guyane, dans des bâtiments classés Monument Historique. Il inaugure en Octobre 2014 le Pavillon Joseph Ho-Ten-You, situé à Cayenne, puis le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine à St Laurent du Maroni (Guyane), en novembre. Des projets pour lesquels L’ATELIER s’entoure de compétences complémentaires : le BET Egis, la graphiste Claude Champion Benzrihem et l’éclairagiste Stéphanie Daniel qui devient un partenaire privilégié.
Aujourd’hui l’ATELIER a disparu pour laisser place au collectif ARCHI’L que Florence Le Gall a intégré auprès de Christine Nouvian et Emmanuelle Delorme architectes afin de mutualiser leurs expériences, leurs savoirs et leurs moyens et d’en faire profiter chacune d’entre-elles.
Cette volonté a pour objectif d’accroître leurs possibilités de répondre à des projets situés dans des espaces géographiques plus éloignés.
Maitre d’ouvrage:
Ville de St Laurent du Maroni
Coordination du projet :
Marie Bourdeau, animatrice VPAH, responsable du service patrimoine
Commissariat d’exposition :
Marie Bourdeau - Michel Pierre
Maitre d’oeuvre:
Florence Le Gall, architecte scénographe
Egis, BET
Stéphanie Daniel, éclairagiste
Cb Design, graphiste
Programme:
C.I.A.P: Aménagement muséographique des cases entrée droite, 12 et 11 ainsi que de la chapelle, de la cuisine et de l’anthropométrie. Exposition sur le bagne et l’histoire de l’architecture de St Laurent du Maroni sur une surface de 1000 m².
Montant des travaux: 1 600 000 euros
Contact presse:
Florence Le Gall - T 0696761552
legall.florence@gmail.com - http://www.archi-l.fr